Vie
Václav Syrový (11.6.1934 – 25.3.2010) fait partie des créateurs les plus remarquables et les plus originaux de l’art brut de la fin du XXème et du début du XXIème siècles.
Un hercule de 140 kg , Václav Syrový était cinq fois champion en haltérophilie poids lourd de la Tchécoslovaquie, il détenait dans cette catégorie tous les records, aux Jeux Olympiques à Rome il souleva 172,5 kg et il se classa huitième. Les problèmes de santé s’accumulant, l’ont amené à perdre en six mois les incroyables 56 kg et cet altérophile de 35 ans est devenu coureur de marathon.
Václav Syrový vécut à part aux pieds des Mont Lužice dans la petite ville de Cvikov, où il travaillait en qualité d’assistant dentaire. Avec sa fille, il aimait peindre avec des gouaches de couleur et sa prédilection pour le sport l’amena même à faire des esquisses de motifs sportifs, auxquels il essaya de donner une forme tridimensionnelle grâce aux petits moulages en étain avec lequel il travaillait dans sa profession. Dès sa jeunesse il admirait le travail du bois, plusieurs fois il rendit visite au graveur professionnel local et quand il obtint quatre gouges de la part de son camarade, il tenta de faire quelques reliefs et statuettes.
Avec le départ forcé à la retraite d’invalidité de Václav Syrový, à l’âge de 56 ans, des difficultés psychiques se firent sentir de plus en plus souvent. Par un heureux hasard de circonstances, à ce moment-là, Václav Syrový fit la découverte des masques africains et il se lança à faire ses masques. Quand il se mit à travailler le morceau de bois, il ne savait pas ce qu’il allait en faire, mais la satisfaction de la création fut à tel point libératrice que pour les années à venir le travail du bois lui remplit la vie.
Une fantaisie débridée et les processus psychiques ont fait que la plupart des masques de Václav Syrový ont une authenticité d’auteur. Revenaient plus que tout les dents marquées et devenaient parties intégrantes des masques morceaux de fil de fer, petits bouts de matières artificielles, cornes, plumes ou duvets, soies de porc, verre, boutons, poignée de valise, fil barbelé, vieux balai, râteau rouillé, os…bref tout ce que l’on pouvait utiliser pour les masques, de tout ce qu’il trouva lors de ses « incursions de pillard » sur les dépôts et sur ses trajets d’une poubelle à l’autre. Tout ce qui pouvait exprimer plastiquement ses sensations, les processus qui se déroulaient dans son fort intérieur. Au début il fit des assemblages simples, sans couleur, mais progressivement, il se mit à colorier leurs visages, leurs cheveux, la langue tirée…
Le monde interne et les problèmes de Václav Syrový se sont manifestés de façon la plus marquée dans les créations qu’il nomma Neurose, Psychose et Schizophrénie.
La plupart absolue des assemblages de Václav Syrový a sa partie fondamentale de support en bois. Avec du bois plus mince et plus long, et avec des branches, il fabriqua de petits animaux et des figures originaux auxquels il ajouta même des piédestals. Si le bras ou la jambe étaient courts, il leur ajoutait une partie, les allongeait, les unissait ou les remplaçait par un tube en caoutchouc. Il utilisa des pieux convenables aussi comme support. Le souvenir de sa maman bien aimée se manifesta dans sa création par des statuettes originales de la femme ou de la madonne avec enfant.
Václav Syrový vécut la plus grande partie de sa vie en solitaire et grâce à sa « passion de collectionneur » son entourage le prenait pour un homme bizarre. La collection unique de ses travaux se faisait en silence et à part, parce que l’auteur créait pour lui même. Une visite impromptue d’un galeriste a abouti à une offre de vente refusée d’une valeur de un million. Václav Syrový n’a pas vendu une seule chose de sa vie.
Les travaux de Václav Syrový se trouvent dans l’exposition permanente de la Galerie des beaux arts du Nord de la Bohême qui possède la plus grande collection d’art naïf en République tchèque. Ses travaux se trouvent également dans les collections privées de l’Union européenne.
Filmographie : Les enfants de Václav Syrový , Galerie poétique, 2010